Léo Marchutz par Paul Chovelon

Léo Marchutz (1903-1976) est assurément le plus cézannien des peintres contemporains. Plus qu’un autre il a fait sienne la leçon du Maître d’Aix pour qui l’artiste sent les rapports plus qu’il ne les perçoit directement. C’est, me semble-t-il, la seule référence à Cézanne que l’on puisse établir pour Marchutz l’Allemand aixois ou plus exactement l’Aixois allemand, à propos d’un peintre dont le libertaire Joseph Ravaisou (1865-1925) a pu dire : « Je ne sais pas si l’école provençale peut revendiquer Cézanne, mais je suis sûr qu’il appartient dès maintenant aux écoles de tous les pays ».

A dire vrai, Cézanne a peu influencé les habitués du Café Beaufort, si ce n’est peut-être Marcel Arnaud (1877-1956), qu’il n’a pas connu de son vivant. Comment peut-on dire alors qu’il a marqué Marchutz ?

Georges Duby précisera : « On chercherait en vain un artiste aujourd’hui qui, plus exactement que Léo Marchutz, se situe dans le prolongement des recherches de Paul Cézanne ».

Et Georges Duby développe : « Affinité qui a amené Marchutz à s’établir à Chateaunoir où il n’a cessé de se nourrir, de s’enrichir, de s’approfondir par une méditation ininterrompue devant l’œuvre du Maître d’Aix, dans la lumière que celui-ci voulut traduire, face aux motifs dont il s’acharna à découvrir l’architecture essentielle ».

Et Lionello Venturi, dès 1937 : « Il me semble qu’il a su tirer de la leçon de Cézanne un profit unique, sans diminuer en rien sa personnalité ; il appuie sur la synthèse jusqu’aux extrêmes conséquences, et pourtant il représente une réalité vivante. Sa noblesse et le raffinement de sa vision ne lui ôtent rien de sa simplicité ». Enfin John Rewald avouera qu’il doit à Marchutz sa ferveur pour Cézanne (« I own him my fervor for Cezanne »).

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