Armand Lunel : sur Léo Marchutz
(Texte écrit à l’occasion de l’exposition des œuvres de Léo Marchutz à la Galerie Craven à Paris en 1957.)
Dessins et lithographies de Léo Marchutz
Gardons-nous de parler ici, sur la première impression, de peinture abstraite ! Le sujet, le motif, ces mas provençaux, ces vieilles rues et ces petites chapelles d’Aix, ces canaux et ces ponts de Venise, ces scènes inspirées par les Evangiles, restent bel et bien visible sous le regard. Mais tout est distillé, décanté par un art très subtil qui n’a voulu et su en conserver et en offrir que l’essence en quelque sorte intelligible. Un trait ou domine un jeu de spirales acrobatiques, mais sans la moindre prétention pour cela au morceau de bravoure, sans aucune recherche pour la coquetterie d’étonner, et la même sobriété dans l’emploi des couleurs que dans le tracé de la ligne. Devant pareille réussite, on imagine Léo Marchutz travaillant comme avec un pinceau en cheveux d’ange et on ne doute pas que sa devise pourrait être : « Faire voir, sentir et comprendre sans appuyer ».
Armand Lunel
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