Voici le texte que le compositeur Marc-Oliver Dupin a écrit en introduction à la partition de son oeuvre musicale «Léo, un portrait en musique», crée le 22 janvier 2015 à l'Auditorium du Site-Mémorial du Camp des Milles près d'Aix-en-Provence.



L’origine de Léo, un portrait en musique pour récitant et quintette à vent, tient à un faisceau d’amitiés croisées.

Celle qui lie Antony Marschutz – le fils du peintre et clarinettiste – avec Daniel Paloyan, aussi clarinettiste et membre du Quintette de Marseille et celle qui unit les familles Marschutz et Dupin depuis trois générations.

Dans les années 1960 à Aix, mes parents deviennent amis de Barbara et Leo. De cette période je garde de nombreux souvenirs d’enfance. J’ai ainsi particulièrement en mémoire la voix grave de Leo (les tessitures graves des instruments ne sont pas sans rapport avec son timbre de voix).

Plus tard, je rencontre Antony, qui rentre auréolé de son diplôme de clarinette de Vienne et le retrouve à Paris pendant mes études. Ce lien se prolonge lors de nos multiples aventures musicales – ah! les trios de Max Bruch – et institutionnelles. Encore plus tard, je partage avec Sandra sa fille, un bout de chemin professionnel heureux. Et toujours, pendant ce temps, les belles lithographies de Léo m’accompagnent dans chacun de mes multiples déménagements…

C’est ainsi Antony qui est à la source de ce projet dont nous commençons à parler dès 2012/2013. Honoré et touché par sa proposition, j’accepte tout de suite l’idée de composer pour Léo. L’idée me vient d’utiliser quelques-uns des magnifiques textes sur l’art et de la correspondance de Léo Marschutz et de les faire dire par un comédien.

Guidé par Antony, je travaille à l’élaboration d’un montage de textes. Exercice particulièrement ardu, face à tant de merveilles et de choix difficiles à faire, et donc de renoncements.

Cette plongée dans l’univers de Léo se révèle pour moi aussi passionnante qu’émouvante. La richesse et la beauté des textes sur la peinture en général, mais également sur Cézanne et l’acte de création reste saisissante et donne à réfléchir à tout moment. Par ailleurs, ce retour dans l’Aix de mon enfance, fait revivre de nombreux personnages insolites aux vies incroyables, bien peu de temps après la guerre.

C’est finalement le jeu des contrastes entre les textes de Léo qui me guidera dans la forme de ce concert-lecture. Au fil du travail, il m’apparaît important de ne pas aller vers un propos trop didactique sur la peinture. L’idée est plutôt d’assumer une certaine subjectivité un peu comme si je composais la musique d’un film documentaire sur Léo.
Et également de traduire l’humanisme, la gentillesse et l’humour du personnage.

Je tiens à remercier le Quintette à Vent de Marseille – commanditaire de la pièce –, et Antony Marschutz.

Paris, le 17 octobre 2014.
Marc-Olivier Dupin