LEO MARCHUTZ AS TEACHER
By Billy WEYMAN (1968)
It was seven years ago in Aix-en-Provence that I was introduced to Leo Marchutz as my painting instructor for the year to come. Ever since that time I have become increasingly aware of exactly what the teaching of Marchutz means and how valuable it is in these times. To understand the whole man, an evaluation of his relatively short teaching career is essential. As he himself refused all formal training, it is interesting to see the approach he now takes to guiding the young to a deeper understanding of art and painting.
Marchutz proposes that a student copy first and choose for this purpose a painting to which he is naturally drawn. If the idea of copying works of art seems today outdated then maybe it is proper here to reconsider why painters ever felt that copying was a valid means of learning. This being the first principle of Marchutz’s teaching, the matter shoud be pursued.
Since the names Cezanne and Van Gogh have been and are generally equated with art in its higher state, I will take the liberty of contrasting their attitudes to those of the Academy. Though for different reasons, both proposed copying other works of art. One may well wonder where the difference lies. Ever since the eighteenth century and the birth of Neo-Classicism and the Academy, there have been patterned beliefs about “correct” painting and drawing. It was generally accepted in academic circles that there was one way to draw and paint correctly and that way was gotten from study of the great masters. Ingres for example saw the ultimate truth in Raphael and nowhere else. The Academies in turn held up Ingres as a divine example for their students to follow. So art was limited to the general taste of the time. Even worse the Academy was not directing its students to the art of Ingres and Raphael but to their methods. If copying is of any value at all then it shoud be evident that the Academy’s approach is not one to observe. By looking at Cezanne and Van Gogh one can be more sure of understanding the benefit to be had from copying. Both rejected the Academy’s teaching and both turned to working from the masters of their choice. For them it was a means of penetrating nature, knowing that what they chose to copy had its roots firmly planted there. Let it be understood that nature in this context is simply, as Cezanne himself put it, ‘the spectacle which the Pater Ominpotens Aeterne Deus spreads before our eyes”. When Van Gogh copied Millet it was not Millet’s methods which he copied, it was the spirit which he himself felt behind Millet’s figures. The results are purely Van Gogh and hardly less original than the paintings he made from nature. The value of copying is immense if the reasoning behind it is right, for it instructs, through art not through technique, the poetic as well as the visual sense. The mere learning of technique is without value because it has become dissociated from the very source from which it grows, namely the artistic intuition which, seeking its own expression, gives birth to the work of art. The technique therefore evolves with the work of art. It does not precede it.
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Traduction en français
LÉO MARCHUTZ EN TANT QU'ENSEIGNANT.
Il y a sept ans à Aix-en-Provence j'ai été présenté à Léo Marchutz qui allait devenir mon professeur de peinture pour l'année à venir. Depuis cette date je n'ai jamais cessé de prendre conscience de l'exacte signification et de la valeur que représente à notre époque l'enseignement de Marchutz. Pour bien comprendre l'homme, une évaluation de sa relative courte carrière d'enseignant est essentielle. Vu qu'il refusait pour lui-même tout formalisme éducatif, il est intéressant d'observer la démarche qu'il suit pour guider le débutant vers un approfondissement de l'art et de la peinture.
En premier lieu Marchutz propose à l'étudiant l'exercice de la copie et, à cette fin, le choix d'une oeuvre vers laquelle il se sent particulièrement attiré. Si l'idée de copier des oeuvres d'art peut paraître aujourd'hui désuète, il est sans doute approprié de considérer les raisons pour lesquelles les peintres ont sans cesse estimé que la pratique de la copie était un moyen valable d'apprentissage. Une fois posé le principe premier de l'enseignement de Léo Marchutz, poursuivons notre propos.
Puisque les noms de Cézanne et Van Gogh ont été et sont généralement associés à l'art dans sa plus haute signification, je prends la liberté d'opposer leurs pensées à celle de l'Académie. Quoique pour des raisons différentes, ils proposent tous deux de copier d'autres oeuvres d'art. On peut alors se poser la question de savoir où est la différence. Depuis le XVIIIème siècle et la naissance du néo-classicisme et de l'Académie, il existe des modèlisations de la peinture et du dessin “correct”. Dans les cercles académiques il était généralement admis qu'il existait une manière de dessiner et peindre correctement, acquise par l'étude de grands maîtres. Ingres par exemple voyait la suprême vérité chez Raphaël et nulle part ailleurs. L'académie en revanche citait Ingres comme exemple divin que les étudiant se devaient de suivre, limitant ainsi l'art à l'esprit du temps. Et même pire, l'Académie ne dirigeait pas ses étudiants vers l'art d'Ingres et de Raphael mais vers leurs méthodes. Si l'exercice de la copie possède une quelconque valeur, il devient alors évident que l'approche académique ne peut être suivie. En portant ses regards sur Cézanne et Van Gogh on peut être plus certain d'envisager le bénéfice à retirer de la pratique de la copie. Tous deux rejetaient l'enseignement académique et tous deux axaient leur travail à partir des maître de leur choix. Pour eux c'était le moyen de pénétrer la nature, sachant que le sujet à copier y plantait solidement ses racines. Il est clair que dans ce cas la nature est simplement, tel que l'a indiqué Cézanne, “le spectacle que le Pater Omnipotens Aeterne Deus déroule devant nos yeux”. En copiant Millet, Van Gogh ne cherchait pas à imiter les méthodes de Millet mais bien l'esprit qu'il ressentait lui-même en présence des figures de Millet. Le résultat, du Van Gogh pur, est non moins original que ses peintures réalisées sur nature. La valeur de l'acte de copie est immense par la justesse du raisonnement qui le sous-tend, car il rend compte, par l'art et non par la technique, du sens poétique et visuel. Le seul apprentissage technique n'a aucune valeur s'il est dissocié de sa véritable source, à savoir l'intuition artistique qui, à la recherche de son expression propre, donne naissance à l'oeuvre d'art : raison pour laquelle la technique se développe en parallèle de l'oeuvre d'art, elle ne la précède pas.
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