Trois lettres de Léo Marchutz à John Rewald concernant
la recherche cézannienne (1934)
(Lettres originales en langue allemandes, avec traduction en français)
I.
Aix en Provence, 9. 5. 34
Lieber Johnny,
ich antworte rasch einiges auf Ihren ausfuerlichen Brief. Das Auvers Foto koennen Sie selbstverständlich bekommen, auch alles was sich sonst an Bildern aus der Gegend finden kann. Ich rate Ihnen einmal das Oeuvre Pissarros durchzuarbeiten, vielleicht finden Sie noch Bilder die von P. und C. am gleichen Ort gemalt wurden, abgesehen dass manches Bild Pissarros erlauben mag, den Ort eines Cézanne leichter zu finden. Auch Van Goghs Auvers Bilder kann man heranziehen, vielleicht auch noch Daubigny. Venturis Vorschlag den fertigen Katalog durchzusehen und evt. noch ein paar Bemerkungen anzugeben, erscheint mir recht albern, denn schließlich muessen die Motive ja gesucht werden, was Wochen dauern kann und, wie Sie wissen, nur mit dem Foto in der Hand geschehen kann. Ich halte für möglich, dass entweder Venturi an der Motivsuche nicht viel liegt, was ja begreiflich waere, und dass er sich über Ihr großes Interesse an der Sache vielleicht sogar amuesiert, oder aber dass er daran denkt, wenn er hierher kommt, sich mit mir in Verbindung zu setzten und mich zur Sache heranzuziehen; denn, dass er selber nicht weit kommt, muss er wissen. Nun muss ich Sie daran erinnern, was mich ursprünglich zur Motivsuche gebracht hat. Es war das Erkenntnis-Vergnuegen, das fuer mich in dem Zusammensehen des Cézanne-fotos (in Ermangelung des Bildes) und des Motives beschlossen ist. Von da aus kam ich dazu Novotny die Veroeffentlichung anzutragen, in der Erwaegung dass auch andere daran Vergnuegen und vielleicht Nutzen haben koennten. Bei der Beschäftigung mit der Materie kamen Sie begreiflicherweise auf die Idee auch selbst ueber Cézanne zu arbeiten und wenn möglich eine Reihe solcher Cézanne-Fotos und –Motive dabei zu veroeffentlichen, in der sicherlich richtigen Meinung, dass das Interesse erwecken duerfte. Sie haben Novotny davon Mitteilung gemacht, der Ihnen, glaube ich, antwortete, dass Sie sich durch seine geplante Arbeit in Ihren Dispositionen nicht stoeren lassen sollten. Nun glaube ich aber, dass Sie zu weit gehen, wenn Sie eine nie erreichbare Vollstaendigkeit dabei anstreben, ein paar gute und vorher nicht veroeffentlichte Motive werden genuegen, zumal schliesslich der Wert Ihrer Arbeit nicht einzig in der Bild- und Motiv-Nebeneinanderstellung bestehen kann. Ich sehe nicht, wie man Venturi zur Preisgabe seines Materials veranlassen kann, er hat die Fotos zusammengetragen und wenn er sich nun an mich wenden wuerde, um ihn, wo es mir moeglich erschient, bei der Motivsuche behilflich zu sein, so muesste ich das bei ihm genauso tun, wie bei Novotny, Ihnen oder sonstwem der mit einem Cézannefoto ankaeme, zumal mein Interesse an der Sache einzig das oben erwaehnte ist. Dass ich dabei selbstverständlich nicht Motive preisgebe, von denen ich weiss, dass Sie oder Novotny sie veroeffentlichen wollen oder Sie nur unter der Versicherung von Seiten Venturis zeigte, dass er dieses Motiv nicht veroeffentlichen wird, brauche ich nicht zu erwaehnen.
Dass Sie Ihre Greco-Entdeckung preisgegeben haben, finde ich sehr bedauerlich, aber ich weiss, wie schwer es ist, angesichts der Cézanne-Bilder und der Begeisterung in die sie einen versetzen, das Maul zu halten.
Fuer heute herzliche Gruesse vom ganzen Château
Ihr Leo.
Traduction
Aix-en-Provence, 9. 5. 34
Cher Johnny,
Je réponds rapidement à quelques points de votre longue lettre. Vous pouvez bien évidemment garder la photo d’Auvers ainsi que tous les tableaux de la région que vous trouverez. Je vous conseille d’étudier l’œuvre de Pissarro, il se peut que vous trouviez encore des tableaux peints du même endroit par P. et C., compte tenu de ce que certains tableaux de P. permettront d’identifier plus facilement l’emplacement d’un Cézanne. On peut également s’appuyer sur les tableaux d’Auvers peints par Van Gogh, voire certains Daubigny. La proposition de Venturi qui consiste à réviser le catalogue une fois achevé afin d’y apporter éventuellement quelques observations me semble bien stupide, car en fin de compte il convient d’identifier les motifs, ce qui peut prendre des semaines et, comme vous savez, ne peut se réaliser que la photo à la main. J’estime possible soit que Venturi attache peu d’importance à la recherche des motifs, ce qui serait compréhensible, voire même qu’il s’amuse de votre grand intérêt pour la chose, soit qu’il envisage, lors de sa venue ici, de se mettre en relation avec moi afin de m’associer à l’affaire ; car il sait que par lui-même il n’avancera pas. Or je tiens à vous rappeler ce qui m’a à l’origine amené à la recherche des motifs : il s’agissait du plaisir de la découverte qui pour moi est inhérente à la vision commune de la photo du Cézanne (à défaut du tableau) et du motif. Partant de là je suis arrivé à confier à Novotny le soin de la publication, considérant que d’autres pourraient aussi y trouver plaisir et peut-être utilité. En vous occupant de ce matériau, vous êtes parvenu, ce qui se comprend, à mûrir l’idée de travailler vous-même sur Cézanne et si possible de publier une série de ces photos et motifs, avec l’idée, certes exacte, que cela soulèverait quelque intérêt. Vous vous en êtes ouvert à Novotny, qui vous a répondu, me semble-t-il, que vous ne devriez pas vous sentir gêné dans vos recherches par le travail que lui-même envisageait. En revanche je crois que vous allez trop loin en visant une exhaustivité impossible à atteindre: quelques motifs bien choisis et inédits seront suffisants, d’autant plus d’ailleurs que la valeur de votre travail ne pourra exclusivement se fonder sur la confrontation entre tableaux et motifs. Je ne vois pas comment on pourrait inciter Venturi à abandonner son matériel, il a réuni les photos et s’il devait s’adresser à moi, afin, dans la mesure du possible, de l’aider à rechercher des motifs, je devrais le faire dans l’exacte mesure où je l’ai fait pour Novotny, pour vous ou pour n’importe qui m’apportant des photos de Cézanne, d’autant plus que mon intérêt pour la chose est exclusivement comme indiqué plus haut. Il va sans dire que je n’abandonne pas bien sûr les motifs dont j’ai conscience que Novotny ou vous ont la volonté de publier.
Je trouve très regrettable que vous ayez abandonné votre découverte concernant Greco, tout en sachant combien il est difficile de rester muet, au vu des tableaux de Cézanne et de l’enthousiasme qu’ils suscitent.
Tout le Château vous adresse ses meilleures salutations.
Votre Léo
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